D’autres dans le passé ont tenté de faire le film de Dune, sans succès. C’est le cas de Jodorowski, qui, dans les années 70, a imaginé et réuni une équipe de rêve pour donner vie à cette histoire, mais dont le feu vert ne s’est jamais donné. En 1984, la version controversée de David Lynch fut réalisée.
Puis, en 2021, ce fut le tour de Denis Villeneuve et cette fois-ci, ce fut un succès. Le deuxième volet paru début 2024 continue dans cette lignée. Celui-ci a un look distinct, épique et envoûtant. Mais comment l’ont-ils fait ? Quelles technologies ? Voici notre top 3 des techniques utilisées pour donner vie à ce fim de science-fiction d’envergure gargantuesque.
Les yeux bleus des Fremen
Transformer la couleur des yeux à l'écran est un défi bien connu, poussant parfois les adaptations, comme celles de Harry Potter ou de Daenerys Targaryen, à dévier des descriptions originales. Les lentilles de contact, peu pratiques, et les effets visuels manuels, coûteux en temps et en ressources, limitent ces changements.
Pour "Dune: Part Two", l'équipe de DNEG a innové avec une solution plus efficace. Contrairement au premier film où l'ajout manuel des yeux bleus était la norme, cette suite a vu l'introduction de l'intelligence artificielle. Ils ont entraîné un modèle machine learning sur les prises du premier film, afin que l'algorithme soit capable de reconnaître et de colorer automatiquement les yeux humains en bleu.
Bien qu'elle ait nécessité des ajustements pour éviter quelques erreurs, comme le changement de couleur des yeux des personnages non-Fremen et quelques retouches par ci, par là, cette méthode révolutionnaire, décrite par Paul Lambert, superviseur VFX chez DNEG, marque une avancée significative dans les techniques de post-production.
Villeneuve a combiné la technologie Unreal avec des story-boards traditionnels
L'utilisation de l’outil Unreal Engine a été cruciale pour la planification et réalisation du film. Lors du festival SXSW, un panel appelé "Dune Two, Real-Time Tech & the Implications for Storytelling" a mis en lumière comment l'intégration de cette technologie a permis de donner vie au film, grâce aux Préviz.
«J'encourage les personnes à explorer Unreal, à explorer d'autres techniques de prévisualisation qui peuvent vous aider à soutenir votre réalisateur autant que possible», Jessica Darhammer, co-productrice.
Selon Jessica Derhammer, co-productrice de Dune 2, compte tenu de l'ampleur du film et de la complexité supplémentaire du tournage dans différents lieux, y compris le désert, il y a eu beaucoup de préparation. Il a donc fallu aligner très tôt l'aspect créatif avec la logistique. La question s'est rapidement posée : «comment, concrètement, allons-nous faire pour tourner ce film en six mois?».
C’est alors qu’ils ont décidé d’utiliser Unreal Engine pour prévisualiser les décors et même les personnages. Des drones ont aussi été déployés pour repérer les lieux. Ces données ont par la suite été introduites dans Unreal, pour les recréer et travailler à l’avance sur le blocking, la lumière, les zones d’ombres, les heures de soleil, les angles, et bien plus encore.
«Il n’y a pas de décisions prises dans le vide. Vous regardez à travers l'objectif de la caméra, mais vous pouvez aussi sortir de ce point de vue et voir ce dont la scène a besoin ; où puis-je placer mes lumières? De combien de lumières ai-je besoin? [...] Cela permet aux cinéastes de se réunir et de prendre ensemble des décisions éclairées qui servent les intérêts de chaque département», dit Brian Frager d'Epic Games.
Scène de gladiateurs sur Harkonnen
Pour capturer l'atmosphère unique de la planète Harkonnen, une technique spécifique de tournage en infrarouge a été employée, transformant les images en noir et blanc et donnant aux scènes un aspect irréel et sinistre.
La technique utilisée reposait sur l'emploi de l'infrarouge sur le capteur de la caméra, une méthode déjà exploitée dans d’autres films comme "Nope", afin de créer l’effet de nuit, et même par Villeneuve lui-même pour des effets visuels dans d'autres projets. Dans ce cas, l’objectif était de produire un sentiment d'irréalité effrayante, où la peau des personnages devient presque translucide.
Cette décision artistique, une fois prise, était irréversible durant le tournage, soulignant l'engagement de l'équipe à cette vision esthétique particulière. Comme l’explique le réalisateur à IndieWire: «j'ai dû avertir le studio qu'il n'y avait pas de retour possible. Ce n'est pas un effet que nous avons fait en post-production », et il ajoute: «j'aime l'engagement et le risque que cela représente».
Cette méthode a également posé un véritable défi pour les départements de maquillage et de costumes, nécessitant des tests exhaustifs pour assurer l'adéquation des couleurs et des textures sous l'effet de l'infrarouge. Les réactions des matériaux aux conditions spécifiques de lumière et de chaleur étaient imprévisibles; même les tatouages dissimulés sous le maquillage traditionnel se révélaient sous l’infrarouge.
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